Des débuts "Beyond Zero" encourageants
Essai routier de la Toyota bZ4x AWD
Ce n'est pas le premier modèle entièrement électrique d'un constructeur qui compte plus d'un quart de siècle d'expérience pratique en matière de propulsion semi-électrique. Cette bZ4X est cependant la première voiture avec laquelle Toyota lance une grande offensive VEB. Ceci avec l'annonce d'une gamme étendue de voitures à batteries talentueuses avec lesquelles le plus grand constructeur automobile du monde peut aspirer à devenir une superpuissance – en plus de la technologie hybride – en matière de propulsion entièrement électrique.
Toyota a longtemps hésité à se lancer dans le "tout électrique". En tant que spécialiste de la propulsion partiellement électrique (depuis 1997 avec la Prius), le plus grand constructeur automobile mondial a vu dans cette propulsion entièrement électrique non pas la seule, mais l'une des nombreuses solutions technologiques permettant de minimiser l'impact CO2.
L'evolution VE
En d'autres termes, en tant que constructeur expérimenté dans le domaine de la technologie hybride, Toyota ne s'est pas focalisé aveuglément sur la solution BEV, et ses ingénieurs en développement ont également continué à s'intéresser aux autres possibilités de réduction des émissions de CO2 (que la voiture tout électrique). Contrairement à la plupart des autres constructeurs automobiles, Toyota a poursuivi dans ses efforts d'optimisation du moteur à essence et de développement de véhicules hybrides et de voitures à pile à combustible.
Car le monde de l'automobile ne se limite pas à l'Europe, qui espère atteindre la neutralité carbone à partir de 2035 en favorisant uniquement les VE qui ne sont pas non plus neutres en CO2. Ce qui signifie que même après cette année-là, il y aura de nombreux marchés et même des continents qui ne seront pas prêts à accueillir les VE.
L'évolution européenne de la voiture à batterie étant essentiellement rythmée par des considérations politiques, Toyota a annoncé l'arrivée de toute une gamme de VEB. Une palette de trente e-Toyota sera déployée dans les segments de marché les plus divers. Une offensive EV pure et simple s'annonce donc et la bZ4X sera le premier des sept modèles de la série bZ.
Toyota s'attend à ce que 90% des ventes de voitures en Europe occidentale concerneront des voitures partiellement et entièrement électrifiées d'ici 2025. Environ 10% de cette part de marché seront, selon Toyota, constitués de véhicules électriques à batterie. D'ici 2030, Toyota prévoit que les ventes sur le Vieux Continent seront à 100% partiellement ou totalement électrifiées. 50% d'entre elles seraient alors entièrement électriques.
Une sous-marque Toyota appelée "Beyond Zero"
Donc, selon ces prévisions, l'offensive BEV de Toyota n'arrive pas trop tôt. Mais il est faux de croire que le modèle bZ4X est la première voiture électrique de la marque. À moins d'oublier le C-HR électrique qui circule en Chine depuis un certain temps déjà. Ou à moins de ne pas (plus) se rappeler que, lorsque nous avons fait le tour de la Californie dans les années 1990 avec la défunte GM EV1, nous avons déjà vu rouler des Toyota RAV4 qui pouvaient s'alimenter en énergie à la prise domestique.
Ainsi, bien avant la plupart des autres constructeurs, Toyota expérimentait déjà des solutions VEB. Certes, avec des VE dérivés de modèles à moteur à combustion interne existants qui, hormis l'acquisition d'une expérience technique, n'étaient guères comparables à ce que d'autres géants de l'automobile ont présenté dans leurs arsenaux de VE ces dernières années.
La bZ4X peut donc être décrite plus précisément comme la première "vraie" voiture de tourisme électrique du plus grand constructeur automobile au monde. Modèle avec lequel Toyota introduit également une nouvelle sous-marque: car bZ signifie Beyond Zero. Il s'agit donc du fameux "au-delà du zéro" dans la recherche la neutralité carbone.
Le modèle bZ4X sera le premier d'une série de sept modèles bZ qui seront lancés dans le monde entier. Le "4" désignant la taille du modèle – dans ce cas, une taille moyenne – et le "X" en référence au crossover ou SUV.
Concurrents
Nous avons conduit ce SUV électrique avec une transmission AWD. Il est équipé d'un moteur électrique sur l'essieu avant et d'un moteur électrique identique sur l'essieu arrière, avec une puissance totale de 218 ch. Comme son frère à traction avant, qui développe 204 ch grâce à un seul moteur électrique sur l'essieu avant, le bZ4X dispose d'une batterie de traction d'une capacité nette utilisable de 71,4 kWh.
Par rapport à la plupart de ses concurrents équipés d'un double moteur électrique, ce SUV arpente les routes avec une puissance totale plutôt modeste (218 ch). À en juger par l'accélération et les reprises, le terme "modeste" peut difficilement être utilisé. Le côté positif, c'est qu'avec ces performances décentes, le bZ4X est également plus économique en termes de consommation électrique.
Sur le plan concurrentiel, le SUV tout électrique bZ4X peut être comparé à son demi-frère Subaru Solterra AWD. Ce Solterra a d'ailleurs été le premier modèle tout électrique de Subaru, société sœur de Toyota, à être développé en parallèle avec le bZ4X. Par rapport au Toyota, le Solterra est moins cher à l'achat, se "recharge" aussi vite, consomme moins d'énergie et son autonomie est légèrement inférieure.
Le Mercedes EQB peut également être considéré comme une concurrente directe. Bien que beaucoup plus cher que la bZ4X, sa consommation d'énergie est plus élevée et ses accélérations sont moins vives que celles de la Toyota. Les véhicules premium allemands? Il faut absolument voir la BMW iX3. Plus chère que la bZ4X, sa consommation d'énergie est similaire, mais elle se recharge plus rapidement et offre une plus grande autonomie.
La philosophie e-TNGA
Le bZ4X est le premier modèle électrique à être construit sur la toute dernière plateforme de Toyota – et conçue selon la philosophie e-TNGA –, une architecture spécifique aux véhicules électriques. Les plateformes modulaires de la Toyota New Global Architecture (TNGA) sont déjà connues au travers de nombreux modèles Toyota et Lexus.
Ces plateformes prennent en charge différentes tailles de véhicules qui peuvent disposer d'une traction avant, arrière ou intégrale. La plateforme e-TNGA est donc une évolution vers l'application électrique et une variante de plateforme flexible qui se prête parfaitement à la production en série des modèles bZ.
Répartition favorable du poids et rigidité du châssis
Le bZ4X a un empattement long (2.850 mm). Plus long déjà que celui du RAV4. Cet empattement se traduit par un espace intérieur plus que suffisant, tant pour les passagers que pour le coffre. Bien que le volume du coffre (452 litres) soit plus étriqué que celui du RAV4, proposant 560 litres.
La plateforme e-TNGA permet également d'intégrer parfaitement sous le plancher la batterie fine qui fait partie du châssis. Il en résulte un centre de gravité bas, une répartition favorable du poids et une solide rigidité du châssis. Cette rigidité satisfaisante a été obtenue sans l'utilisation de composants de châssis plus lourds. Pour cela, Toyota a également installé un sous-châssis avant renforcé.
Un gain de poids a également été réalisé grâce à l'utilisation de longerons en aluminium. Pour mieux protéger la batterie de traction en cas de collision, des éléments de protection ont été installés. En bas, le bloc de batterie est doté d'une plaque de protection en aluminium pour éviter les dommages lors des trajets sur terrain accidenté.
Contrôle individuel des cellules (de la batterie)
Le bZ4X nous apprend que Toyota, après un quart de siècle d'expérience pratique dans la technologie de propulsion des voitures partiellement électrifiées, n'a guère besoin de beaucoup de connaissances supplémentaires en matière de batteries. Du reste, nous faisons connaissance avec la première Toyota équipée d'une batterie à refroidissement liquide.
Il s'agit d'une batterie lithium-ion à haute densité énergétique. Elle est composée de 96 cellules et sa tension de sortie est de 355,2 volts. Ce qui donne une capacité de stockage brute de 71,4 kWh. La température de fonctionnement de cette batterie peut fluctuer entre -30 et +60 °C.
Chargeur AC 11 KW & STEER-BY-WIRE
Notre véhicule d'essai était encore équipé d'un chargeur CA interne dont la capacité de charge maximale était de 7 kW. Ce chargeur interne n'est plus proposé. Tous les modèles bZ4X sont désormais équipés d'un chargeur embarqué triphasé de 11 kW. De plus, la fiche technique mentionne, sous la rubrique "direction", une crémaillère à commande électrique qui s'adapte à la vitesse de conduite. Plus tard dans l'année, cette direction sera remplacée par une direction "One Motion Grip". Lisez: steer-by-wire ou ... finie la colonne de direction et la liaison mécanique entre le volant et le boîtier de direction sur le châssis avant.
Pour assurer la durabilité de ce stockage d'énergie, Toyota prévoit de multiples contrôles de tension, de courant et de température, et ce au niveau de chaque cellule. Dès qu'un développement anormal de chaleur est enregistré, des mesures de protection sont prises pour éviter une dégradation prématurée du matériel. Il s'agit donc d'un système de stockage d'énergie à refroidissement liquide, en vertu duquel le liquide de refroidissement refroidit chaque cellule individuellement afin de stabiliser l'énergie stockée.
Du reste, ce système de refroidissement est relié au système de climatisation, de sorte que la température de la batterie et de l'habitacle reste contrôlée de manière économe en énergie. Grâce à un climatiseur économe en énergie et fonctionnant avec une pompe à chaleur, le stockage d'énergie peut être mieux contrôlé, y compris à des températures inférieures à zéro. Il est difficile de tester dans quelle mesure ces contrôles de température prouvent leur utilité à long terme.
Le fait est que Toyota a confiance dans ces multiples contrôles de tension et de courant au niveau des cellules individuelles. En effet, la batterie de traction du bZ4X est couverte par une garantie pouvant atteindre 10 ans pour une conservation d'au moins 70% de la capacité originale de la batterie. La batterie est couverte par 'EV Manufacturing Warranty originale jusqu'à 8 ans ou 160.000 kilomètres et par la garantie supplémentaire Extended Battery Care (jusqu'à 10 ans ou 1 million de kilomètres parcourus). Sous réserve d'un bilan de santé annuel du véhicule.
Espace de vie et liberté de mouvement
Il faut s'habituer au tableau de bord. Non pas que cela soit différent dans la plupart des autres SUV électriques. Mais il est surprenant de constater que Toyota a suivi la voie de Peugeot dans son architecture de tableau de bord.
Une position d'assise élevée et un volant bas avec un tableau de bord compact au-dessus, près de la base du pare-brise. Une planche de bord flanquée de deux supports volumineux et moins nettement profilés vers le conducteur. L'ensemble est spectaculaire, rappelant un peu le cockpit d'un avion de chasse, mais séduisant en ce qui nous concerne.
Au centre du tableau de bord se trouve l'écran tactile de 12,3 pouces qui permet de commander l'infodivertissement. Le logiciel et la navigation sont proposés avec une mise à jour "over the air". Lisez: les révisions et mises à jour logicielles sont disponibles sans fil pour les modèles équipés du Toyota Safety Sense 3 et du multimédia MM21 via le module de transmission des données du véhicule (DCM).
TOYOTA T-MATE
Le bZ4X bénéficie de la systématique Toyota T-Mate, qui contribue à la prévention des accidents et aide, entre autres, à se garer, à conduire dans la circulation urbaine dense et sur l'autoroute. Elle est équipée de la dernière version du système de pré-collision (PCS), y compris l'assistant à la direction d'urgence qui intervient activement en cas de danger de collision (proche). L'assistant de trajectoire, le régulateur de vitesse adaptatif à pleine portée (réduction de la vitesse à l'approche d'un virage rapide) et l'aide à la sortie sécurisée (empêchant l'ouverture d'une porte à l'approche d'un véhicule par l'arrière, d'un cycliste ou d'un piéton), font également partie de l'ensemble Toyota T-Mate. Avec le système Proactive Driving Assist (bientôt disponible), le bZ4X scrute la route, calcule le risque de collision, freine et commande la direction de manière anticipée pour éviter les collisions.
L'écran tactile central donne accès à la dernière version du système Toyota Smart Connect, y compris les commandes de la climatisation et des lève-vitres. La commande de tout cela n'appelle que peu de commentaire: logique, raisonnablement claire et, somme toute, facile et rapide à utiliser.
Nous trouvons moins logique l'emplacement de certains boutons de commande physiques (traditionnels). Nous avons passé un bon moment à chercher le réglage automatique des feux de route et la remise à zéro du totalisateur journalier se fait à droite sous le volant et non à gauche comme c'est habituellement le cas.
L'espace de vie et la liberté de mouvement ne manquent pas. Tant à l'avant qu'à l'arrière, l'espace pour la tête, les jambes et les épaules est suffisant. L'espace pour les jambes sur la banquette arrière peut même être qualifié de remarquable. En partie grâce au plancher plat qui, du fait de l'intégration des batteries en dessous, se retrouve plus haut que dans un SUV à moteur thermique traditionnel.
Une ardeur au travail suffisante et une consommation d'énergie raisonnable
Nous conduisons une version bimoteur AWD. Pour un e-SUV bimoteur, la puissance maximale de 218 ch – surtout si on la compare aux e-SUV similaires que nous avons l'occasion de conduire aujourd'hui – peut sembler un peu juste. Mais en gardant à l'esprit les performances et l'autonomie, ainsi que l'efficacité énergétique, Toyota a certainement opté pour un sain mélange.
En ce qui concerne les performances, la fiche technique explique déjà que le bZ4X ne doit absolument pas se sentir timide. Nous avons noté une consommation moyenne d'essai (selon l'ordinateur de bord et donc la consommation du véhicule) de 20,2 kWh/100 km. Acceptable pour un SUV de cette taille. Sachant aussi que nous roulions dans des conditions tout sauf estivales.
Et oui, il peut être plus économique. En appuyant sur un bouton, il est possible de récupérer plus d'énergie lors des décélérations. La récupération d'énergie se fait alors plus efficacement lors du relâchement de la pédale d'accélérateur. La sensation "d'une seule pédale" – comme par exemple dans l'Ariya ou l'ID. Buzz – n'est pas ressentie, cependant, et le freinage léger est toujours possible.
X-MODE AWD AVEC GRIP CONTROL
En collaboration avec sa société sœur Subaru, Toyota a développé une transmission à quatre roues motrices pour le bZ4X AWD. Ce qui a immédiatement donné lieu à une première sur le marché pour un e-SUV. En effet, un mode X avec Grip Control permet de contrôler parfaitement la vitesse de ce véhicule électrique, que ce soit en descente, en montée ou sur terrain plat. Le Downhill Assist Control devient également possible de cette manière. Le bZX AWD est donc un e-SUV qui – grâce à la programmation du X-Mode et comme nous avons appris à l'apprécier avec les Subaru à transmission intégrale expérimentées – peut être conduit comme un véhicule tout-terrain à part entière dans la neige/boue; dans la neige/boue profonde (jusqu'à des vitesses inférieures à 20 km/h) et grâce au Grip Control même sur un terrain très lourd (vitesses inférieures à 10 km/h).
Ce SUV électrique n'est pas un poids plume. Mais son poids de plus de 2 tonnes ne joue certainement pas en sa défaveur en termes de dynamique de conduite globale. Malgré la carrosserie plus haute du SUV et les suspensions réglées pour le confort, il n'y a jamais d'"inclinaison". Il ne plonge pas non plus en cas de freinage violent. Et le bZ4X assure quand il s'agit d'un freinage appuyé.
La plateforme e-TNGA a donc fait de ce e-SUV une voiture facile à conduire. Grâce également à son centre de gravité bas et – surtout dans le cas de cette version AWD – à la répartition idéale du poids. Et puis il y a les moteurs électriques coupleux et très réactifs qui, en fonction de l'état de la route et de l'adhérence des roues, fournissent immédiatement aux roues ayant la meilleure adhérence la "vigueur" nécessaire.
Conclusion
D'un point de vue technique, les débuts de "Beyond Zero" de Toyota peuvent être qualifiés de prometteurs. En effet, quiconque a un peu d'expérience en matière d'électrotechnique ne peut nier que ce SUV tout électrique pourrait – à plus d'un titre – bénéficier grandement de l'énorme savoir-faire acquis par Toyota en un quart de siècle dans la propulsion des voitures partiellement électriques.
Ce n'est pas que Toyota va déplacer les balises (?) principalement déterminées par les spécialistes du marketing avec cet e-SUV. Toyota ne s'est pas laissé influencer par ces balises et a fait preuve de respect pour la réalité électrotechnique. Seules les personnes aveugles à la technique électrique ne remarqueront pas que le bZ4X est propulsé par deux moteurs électriques compacts, suffisamment puissants et économiques.
Que le stockage de l'énergie – la première batterie à refroidissement liquide de Toyota – est conçu avec une gestion de la batterie qui contrôle la température au niveau de chaque cellule afin d'éviter la dégradation des matériaux ... et que dans cet article, nous avons conduit un e-SUV AWD qui, grâce à la collaboration avec la société sœur Subaru – spécialiste de la transmission intégrale – peut être qualifié d'e-SUV unique: un SUV AWD entièrement électrique avec X-mode Grip Control.
